TATE SHAKAI
La relation verticale
Shihan
Sensei
Sempai
Kohai
Relation entre Shihan, Sensei, Sempai et Kohai
Pour qui débute en arts martiaux, la notion
Sensei Sempai-Kohai est difficile à saisir. Naturel au Japon, cette relation
est moins bien compris en occident où la démocratie rend tout mode de
communication de type horizontal, plaçant tout le monde sur un même pied
d’égalité.
Mais le dojo n’est pas une démocratie ! Le
dojo traditionnel est un environnement aux relations verticales
hiérarchisées du Sensei vers les deshi (élèves), et des Sempai ('seniors',
plus avancés) vers les Kohai ('juniors', moins avancés).
L’élève débutant vient pour apprendre et se
place de ce fait dans une relation d’infériorité, demandant à acquérir le
savoir du Sensei. Il est dans ce cadre, moins avancé que les anciens élèves.
Dans un dojo, le Sensei ne peut pas s’occuper
individuellement de tous les élèves à plein temps. Les Sempai doivent alors
servir de relais en aidant leurs Kohai à suivre les règles du dojo, à
comprendre l’enseignement et à progresser. Il s’agit d’une relation
verticale, le Kohai est là pour écouter et suivre les directives, en tant
qu’apprenti ne pouvant remettre en cause l’enseignement qu’il reçoit.
Il arrive que l’on n’apprécie pas nos Sempai
ou leurs directives, néanmoins la relation reste verticale et le respect au
Sempai doit être dû sans restriction. Le respect strict de cette relation
est primordial car il est le cœur du mode de transmission des arts martiaux.
Si l’amitié qui lie les personnes tend à
niveler cette relation, à la rendre horizontale, c'est une source d'écueil
qui doit rester à l’esprit du Sensei, Sempai et du Kohai. Un Sensei ou un
Sempai restera que ce soit dans le dojo ou en dehors, votre Sensei ou votre
Sempai.
Ne pas
corriger son Sensei, ni son Sempai !
Il est impensable qu’un Kohai corrige un
Sempai, où qu’un Sempai corrige son Sensei en lui indiquant un défaut, une
erreur : "En corrigeant un
Sensei ou un Sempai, l’élève fait deux assertions :
-
premièrement que le Sensei n’a
pas fait son travail en n'enseignant pas correctement au Sempai;
-
deuxièmement, que l’élève pense
en savoir plus que le Sempai
-
troisièmement, que l’élève n’a
pas besoin de pratiquer puisqu’il a le temps de corriger les autres.
Lorsque l’on corrige, on transmet, et on ne peut pas en même temps
transmettre et recevoir !
Le
Salut
Autre point mal compris, voire mal vécu : le
salut !
"Pendant
l’entraînement, il est attendu que le Kohai se déplace le premier pour
chercher un Sempai et le saluer. Cette marque de respect prouve l’envie
d’apprendre de son Sempai. Mais il
est grotesque d’avoir à dire "Respectez-moi car je suis votre Sempai". Le
respect envers le Sempai ne doit pas être provoqué, le Kohai doit tout
naturellement avoir envie de respecter le Sempai. Le Sempai, lui, prend soin
du Kohai car le Kohai occupe la place qui est la sienne et mérite par là que
l’on s’occupe de lui.
Ainsi le Kohai doit respecter son Sempai
naturellement, sans autre justification que le fait que le Sempai en sait
plus que le Kohai dans le domaine qu’il vient apprendre et que le Sempai est
un maillon de cette transmission. Sempai est avant tout une notion
d'ancienneté, signifiant littéralement "toute personne ayant débuté avant le
Kohai".
A l’inverse, un Sempai dont les connaissances
et le niveau de pratique est parfois inférieur à l’un de ses Kohai doit
veiller à ne pas corriger le Kohai par manque de connaissance : le but n’est
pas de corriger pour faire valoir un statut mais simplement d'assurer une
transmission des connaissances.
Le Sempai est
aussi le Kohai d’un autre Sempai
Il est à remarquer que le rôle de Kohai
s’applique aussi pour le Sempai. En effet le Sempai sera toujours le Kohai
d’un plus ancien et ce qu’il attend de ses Kohai, il doit aussi le réaliser
vis à vis de ses propres Sempai.
Etre Sempai n’est pas faire partie d’une
équipe dirigeante avec des Kohai en dessous. Il n’y a pas un groupe de
Sempai et un de Kohai. Il s’agit d’un statut relatif entre deux personnes,
et un maillon d’une longue chaîne de relations verticales de Sempai à Kohai.
Mais pour autant, cette notion rime avec
l'humilité nécessaire au Dojo. Le débutant ne doit pas se considérer le
Sempai de l’élève qui arrive un jour après lui : il faut acquérir un peu
d’expérience sur la voie (Do), qu’il devienne un élève avancé. Jusqu'à ce
que cette différence de connaissance se fasse, les Japonais parlent de 'Dohai'
(élèves de même ancienneté).
Sauvegarde de
la relation Sempai/Kohai
Cette relation verticale stricte favorise la
transmission individuelle. Le Kohai se doit de respecter cette relation qui
est source de son apprentissage. Le Sempai doit prendre son rôle avec
sérieux et savoir quand et comment aider ses Kohai, mais il doit veiller au
respect de cette relation Sempai/Kohai sous peine de voir la structure
traditionnelle se déliter de l’intérieur.
De même il est attendu que le Sensei
sauvegarde cette relation en conservant ces différentes couches de
transmission; Il n’y a pas de concurrence entre le Sensei et les Sempai : le
Sensei s’appuie sur les Sempai pour diffuser l’enseignement et pour réaliser
des ajustements individuels que le Sensei ne peut réaliser auprès de tous
les élèves par manque de disponibilité.
Le Sensei devra ainsi corriger les Sempai et
Kohai si les comportements de chacun mettent en péril la relation verticale.
Un Sensei qui ferait fi de ces interactions
en éliminant les couches Sempai/Kohai au profit d’une structure
'Professeur/élèves' passerait d’un mode de transmission traditionnel
japonais vers un système occidental moderne, y perdant ce qui fait la force
de la transmission dans les arts martiaux.
Un travail
individuel
Notre environnement occidental ne favorise
pas le 'Tate Shakai' car les relations verticales hiérarchique sont
combattues, refusées ou enviées pour des questions de pouvoir. Sur
l'hypocrisie du nom de la démocratie, on cherche à détruire de tels
systèmes. Or il ne s’agit pas là de pouvoir, mais de mode de transmission
dans le cadre d’un enseignement précis.
En
résumé
Sempai,
je dois respecter mon Sensei, ne jamais remettre son enseignement en doute.
Je dois veiller à la progression de mes Kohai et être bienveillant à leur
égard, et ne pas abuser de mon rôle.
Kohai,
je dois veiller à écouter et suivre les directives de mes Sempai, je suis là
pour apprendre.
A la fois Sempai et Kohai, je dois entretenir
ces relations et savoir quel est mon rôle, ma place.
Nous sommes tous un jour ou l’autre le
professeur de quelqu’un !
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